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oct. 2020UN ARTICLE POUR FAIRE LE BUZZ ?
Publié il y a 4 ans par ALAIN DUBIAU
Ariège : à Pamiers, le SCA a joué devant son public malgré un huis clos imposé
Dimanche, le SCA accueillait pour son premier match de championnat les Tarnais de Mazamet, devant un public clairsemé… DDM
Publié le 05/10/2020 à 20:48 , mis à jour le 06/10/2020 à 08:52
Pour son premier match en championnat, le SCA (Sporting Club Appaméen) accueillait Mazamet ce dimanche 4 octobre. Victorieux des Tarnais, les joueurs de Pamiers ont pu compter sur le soutien de leur public… alors qu'un huis clos leur était imposé à cause du coronavirus.
Acte politique ou geste fou ? Dimanche 4 octobre, en ouvrant grand ses grilles aux supporters, le Sporting Club Appaméen a bravé l’arrêté préfectoral pris vendredi après-midi, n’autorisant "que les personnes nécessaires à l’organisation de la pratique d’activités physiques et sportives". En clair, les staffs sportifs, médicaux et administratifs des clubs. Il ne devait donc y avoir aucun spectateur en tribune.
Le public n’a cependant pas manqué d’assister au premier match de Fédérale 1 du club de rugby appaméen. Ce sont en effet près de 300 à 400 personnes qui se sont retrouvées dans les tribunes de Balussou et sur une partie des mains courantes de la pelouse. Si, sur le plan sportif, le SCA l’a largement emporté face à Mazamet (40-22), l’autre fait majeur reste donc la présence d’un public "clandestin".
Combien étaient-ils ? Chacun a son approche. Un membre des Tignous, le club des supporteurs, s’époumone lorsque l’on évoque avec lui la présence de 300 à 400 personnes. "J’étais à la sécurité pour accueillir le club de Mazamet et leurs encadrants. L’entrée était gratuite, alors on n’a pas compté."
"Il n'est pas écrit huis clos !"
En congés pour quelques jours, Frédérique Thiennot, la maire de Pamiers, est tombée des nues en apprenant que le match ne s’est pas totalement déroulé à huis clos. "Vous me l’apprenez", explique dans un premier temps la première magistrate. "Si c’est le cas, c’est irresponsable. Je vais me renseigner et je vous rappelle." Parole tenue. Quelques minutes plus tard, Frédérique Thiennot qui s’est entre-temps procuré l’arrêté préfectoral, évoque les considérants de ce dernier et estime qu’ils ont été respectés, avant de lâcher : "Il n’est pas écrit huis clos !" Certes, mais que les rencontres sont "interdites d’accès au public", à l’exclusion des organisateurs et des accompagnateurs...
De son côté, en charge de la délégation des sports, Éric Pujade estime que, "chacun devait prendre ses responsabilités". Y compris donc la préfecture qui devrait "être en capacité de mettre en application ses décisions". Ce qui fut d’ailleurs le cas, la semaine dernière, à Lézat-sur-Lèze, où une patrouille de gendarmerie s’est invitée sur la pelouse pour constater que l’équipe locale jouait devant ses supporters. Les militaires ont alors sorti la souche à PV et ont verbalisé le président du club.
Au SCA, rien de tout cela. Et pour cause, personne n’est venu vérifier la bonne application de l’arrêté. Frédérique Thienot tient d’ailleurs un raisonnement imparable. "Une patrouille de police et une autre de gendarmerie sont passées au stade et il n’y a eu aucune remarque…", souligne-t-elle... À une petite nuance près, une patrouille de police a bien été aperçue sur le parking dimanche, mais pas les gendarmes dont ce n'est pas le secteur.
Quoi qu'il en soit, Jean-Philippe Sannac, le président du club, assume la réalité des faits (lire ci-dessous), mais se défend d’une quelconque préméditation. Un autre membre dirigeant du club préférerait ne parler que de sport. "Ces arrêtés sont incompréhensibles, tonne-t-il. Il y a quinze jours, il avait une course de BMX avec 250 participants et au moins autant d’accompagnateurs. Le basket peut jouer avec du public et nous, on nous impose le huis clos alors que les spectateurs sont en plein air !" Et de conclure avec une pointe de perfidie : "Le rugby à XIII n’a pas les mêmes contraintes que nous".
D’atermoiements en atermoiements
Comme un train peut toujours en cacher un autre, les arrêtés préfectoraux sont de la même veine. Le 25 septembre, un premier arrêté de la préfecture de l'Ariège ciblait le foot, le rugby, le hand, et interdisait l’usage des vestiaires aux joueurs locaux mais pas aux visiteurs. Vendredi 2 octobre, le nouvel arrêté stipulait l’ouverture des vestiaires aux deux équipes, sous réserve du respect des gestes barrière. Et pour rajouter à la cacophonie ambiante, les sports se pratiquant en milieux couverts peuvent accueillir du public. De quoi y perdre son masque de protection.
Jean-Philippe Sannac assume et pense à l'avenir du club
Jean-Philippe Sannac, le président du SCA, assume. Mais se défend d’avoir sciemment enfreint l’arrêté préfectoral, interdisant la présence de public, dimanche, au stade Balusou. "Oui, les grilles étaient ouvertes, reconnaît-il, mais il n’y avait pas 300 ou 400 personnes pour le match." Alors combien ? 80, 100, 150, 200… je ne sais pas", répond le premier bénévole du club.
Pour lui, le problème est ailleurs. "Nous sommes obligés de jouer. Si nous ne le faisions pas, la fédération pourrait à la fin de la saison nous rétrograder en division inférieure", explique Jean-Philippe Sannac avant de s’insurger. "Nous avons respecté comme on a pu l’arrêté préfectoral. Mais comment voulez-vous que l’on interdise l’entrée d’un stade ? Nous ne sommes ni des gendarmes, ni des policiers. La sécurité est assurée par des bénévoles. Mais c’est vrai, reconnaît le président du SCA, nous n’avons pas respecté en totalité l’arrêté préfectoral."
Une chose est sûre, le club n’a pas fait un centime de recettes au cours de cette première journée de championnat. "Les buvettes étaient fermées, nous n’avons pas fait de réception d’après-match, et dans le même temps nous avons perdu entre 20 000 et 25 000 € de recettes et j’ai dû payer les arbitres", constate un brin amer Jean-Philippe Sannac qui évoque sans ambages l’avenir du club. "Le SCA, c’est une entreprise avec 35 contrats professionnels. Si l’on ne fait aucune recette, on mettra la clé sous la porte."
À Mazères aussi, ça grogne
Notre interlocuteur est resté anonyme, mais à l’ouverture vendredi 2 octobre de l’after du Manouch’Muzik qui devait se dérouler au mois d’août, ce Mazérien s’interroge. "On autorise un festival, mais on interdit les rencontres sportives, je trouve cela surprenant. On nous explique qu’il faut limiter les rassemblements pour éviter les clusters et certains événements peuvent avoir lieu !"
Louis Marette, le maire de Mazères, n’en disconvient pas. "Je sais que le club de rugby est assez remonté et je comprends tout à fait que les gens puissent s’interroger, explique l’élu. Mais l’organisation du festival, qui a d’ailleurs été revue de A à Z, a obtenu toutes les autorisations préfectorales."
Notre interlocuteur en sera pour ses frais. De son côté, Louis Marette est aussi perplexe. "Les gymnases et les salles de sport peuvent être utilisés par les scolaires ou pour les activités périscolaires, mais pas par les associations." Même les élus semblent perdus dans l’avalanche de recommandations et autres préconisations.
Un huis clos qui fait causer dans toute l'Ariège
Pour le deuxième week-end, le huis clos était imposé en Ariège pour les rencontres de football, de rugby à XV et de handball. Une règle globalement respectée un peu partout. Il faut dire que nombre de terrains ne sont pas totalement hermétiques et que le public essaye souvent de braver les interdictions, au grand dam des dirigeants. Pour éviter tout souci, le District de football de l’Ariège a suspendu carrément toutes ses rencontres ce week-end. Au niveau du rugby, chacun a fait comme il pouvait.
À Tarascon, on n’a pas fait dans la demi-mesure, on a carrément fermé les portes du stade du Moulin-Neuf. Sauf que le "stade est ouvert aux quatre vents" et quelques resquilleurs ont réussi à rentrer. Quelques autres avaient même installé un échafaudage au-dessus d’une palissade pour assister au match UST- Saint-Juéry.
Certains supporters tarasconnais étaient prêts à tout pour assister au premier match de l’UST au Moulin-Neuf dimanche. - DDM - E. d'A.
À Saint-Pierre de Rivière, là aussi, les dirigeants avaient délimité l’interdiction d’accès au stade tout autour avec de la rubalise. Un périmètre interdit qui n'empêchait cependant pas les amateurs de ballon ovale d’assister au match de plus loin. Pour l’anecdote, puisque les club-houses sont fermés, les joueurs sont allés prendre le repas d’avant-match… chez un particulier. Samedi, à Luzenac, à l’occasion du match de Coupe de France entre le LAP et Toulouse Métropole, six supporters ont assisté au match… derrière le grillage des courts de tennis situés juste à côté de Paul-Fédou.
Le huis clos est encore applicable le week-end prochain. À moins que la réunion qui se déroulera ce mardi 6 octobre entre la préfecture, la DDCSPP et les représentants du football, du rugby à XV et du handball, ne change la donne.
Bruno Huet et Lionel Lasserre
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